Des extraits et des témoignages : Le vieux chêne et Comme deux gouttes d’eau

Un éloge du sur-mesure…

 

 

 

Les histoires que nous nous racontons à propos de nous-mêmes ne sont pas anodines. Elles ont un pouvoir, une résonance. Elles impactent la matière malléable dont est fait l’univers et sont susceptibles de révolutionner nos vies pour le meilleur ou pour le pire.

Nous sommes bien évidemment les héros de ces histoires, que nous choisissions d’en faire des drames, des comédies burlesques, des bluettes, des listes ennuyeuses, des romans de gare, des épopées passionnantes ou des contes de fées. Nous le sommes même s’il nous arrive encore parfois de vouloir confier le rôle principal à un autre que nous. D’ailleurs, drame, comédie ou conte, peu importe au regard de l’éternité et pourtant n’est-ce pas faire injure à la joie qui est notre vraie nature que de vouloir lui échapper ?

Je n’ai connu ni grands-parents, ni cousins, ni oncles, ni tantes ; seulement mes parents et, eu égard de l’indigestibilité de leurs histoires respectives, j’imagine que c’est probablement mieux ainsi. L’une des rares choses non toxiques qu’il m’a été donné d’apprendre concernant mon arrière-grand-père maternel, c’est qu’il était tailleur à Temesvar avant que la ville ne devienne Timisoara, autrement dit qu’il confectionnait des vêtements sur mesure.

J’ai donc décidé en conséquence que c’était là l’essentiel que je dusse connaître.

Ce qu’il m’est apparu en effet au cours de ces quelques dernières années, c’est que le temps du « prêt-à-porter » en de nombreux domaines était totalement révolu et que le principe de l’exemplaire unique s’imposait désormais comme une nécessité. Non seulement devenait-il urgent de raconter de nouvelles histoires mais encore allions-nous devoir inventer de nouveaux métiers.

Bref ; je me suis fait contomancienne.

 

Vous pouvez accéder à d’autres extraits de mes Contes sur mesure dans ma petite Librairie éclectique  ici et

 

Extrait de « Un ange et rien d’autre »

 Il était Angérien comme d’autres sont Sarladais, Spinaliens, Auxerrois ou Pétrocoriens mais je ne le savais pas, et à mes yeux, il était juste beau comme un homme peut l’être.

Me l’aurait-on proposé au moment où il vint à entrer dans ma vie que je l’aurais volontiers commandé pour Noël, mais parfois certains cadeaux se révèlent un peu différents de ce que l’on imaginait. Sans compter qu’on ne saurait assujettir ainsi une personne, quelques soient les raisons que l’on puisse avoir de nous la faire offrir – voire de s’offrir à elle, ce que j’aurais fait sans hésitation bien avant l’ouverture des festivités. Nous étions en octobre ou novembre et j’étais venu vers lui un peu comme une fleur à seule fin de lui acheter des cucurbitacées, mais son sourire et son regard m’avaient instantanément cueillie.

C’était un ange à n’en pas douter

Extrait de « Celui qui n’aimait pas son prénom »

La première fois qu’il s’allongea à l’ombre du grand pin parasol, il n’eut pas l’heur de voir à l’horizon le gros nuage gris qui se profilait. Il faisait bon. Le repas avait été agréable et cette petite sieste avait tout l’air de s’imposer. Mais tout est parfait pour qui sait entendre et l’averse qui s’en viendrait clôturer son rêve allait lui permettre de n’en rien laisser échapper. Car les songes que l’on fait réclament que l’on puisse y revenir et s’y attarder. Ils sont comme des vergers dont les arbres abondent en fruits délicieux n’attendant que notre intervention pour être cueillis. Or, quoi de mieux qu’une douche pour que notre mémoire soit à même d’en fixer la trame ? Et bien-sûr quoi de mieux que la pluie pour assurer de leur terre la fertilité et faire que le dormeur une fois réveillé puisse à son gré continuer de s’y promener ?