L’ancienne version est toujours accessible ici

Les mots (d’amour) des lecteurs et un autre extrait ici

Vous pouvez aussi m’adresser un chèque de 25 euros pour un exemplaire dédicacé.

Nouveau petit vocabulaire intime

à l’usage des endeuillés du monde

 

Un livre qui n’est pas…

Pour vous qui le découvrez, je ne saurais trop vous inviter à lire l’avant-propos apophatique sur le site. Cependant, l’actualité étant par définition mouvante, les autres ne s’étonneront pas de découvrir cette nouvelle version 2024, riche en controverses et autres choses qui fâchent que je me suis néanmoins efforcée de traiter, autant que faire se peut, avec courtoisie et joliesse.

 

À propos d’un monde qui n’est plus

Nombreux sont ceux qui s’en doutaient déjà vaguement et pourtant, il fallait que cela nous apparaisse de façon plus explicite : le monde qu’on nous a vendu n’est pas du tout celui qu’on a cru acheter. Il n’est pas celui que nos parents ont, pour la plupart, pensé nous offrir. Telle est la réalité qu’il va me falloir ou qu’il m’a fallu digérer. Telle est celle que d’autres vont être amenés à découvrir. Celle que je vais devoir annoncer à mes proches.
Pour formuler les choses autrement, le monde, comme nous l’imaginions, est mort et cela ne date pas d’hier. Ce n’est pas tant, comme le disait Shakespeare, qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, mais que le royaume est entièrement vicié depuis sa création. Pour autant, il n’est pas de raison de s’en désespérer : non seulement ce monde n’était pas désirable, mais le nombre de ceux qui vont lui survivre chaque jour va croissant.

 

Extrait

Accord

Je n’ai jamais pu dire « chéri » à un inconnu du temps où j’étais occasionnelle. Vendre mon corps alors que j’échouais à établir une véritable connexion avec lui ne me posait aucun problème, mais il m’était impossible de céder à ce mensonge aussi insane que grossier car cela aurait signifié brader la seule chose qui avait alors à mes yeux valeur d’estime. L’authenticité déjà n’avait pas de prix.
L’accord est harmonie dans la musique universelle. Il peut faire aussi de moi le complice des chefs d’orchestre du monde. À moi donc de choisir à quelle œuvre je souhaite contribuer et d’être attentif à ma partition.
Donner son accord, c’est consentir et l’obéissance est alors implicite. Si j’obéis à une injonction extérieure, une pression, une convention ou même une simple proposition et que celle-ci entre en conflit avec ma volonté, avec mes valeurs ou avec mes croyances, alors c’est à moi que je désobéis. Si à l’inverse, je choisis de m’écouter et que j’obéis à ce que mes sens me transmettent, j’accède à une vraie liberté, tout en prenant le risque d’entrer en désobéissance ; un pas de plus et c’est l’insubordination. On n’obéit rarement à quelque chose sans que cela se fasse au détriment d’une autre et dès lors que le verbe ‘obéir’ se conjugue à l’impératif, il vaut mieux s’abstenir. La soumission et la servilité ont peu de chance de m’offrir cette liberté et de redonner à l’obéissance ses lettres de noblesse.
Que suis-je prêt à céder de ce qui m’appartient et à qui et à quoi je donne mon accord en n’étant pas moi-même ? Ma réponse aujourd’hui est : rien. Je ne veux rien céder ni solder de moi. Ni mon esprit, ni mon corps et il n’est pas d’instance extérieure à laquelle je souhaite adhérer. Il n’y aura pas pour moi de viol consenti. Pas de prostitution. Pas d’accord privatif. Pas d’a-corps. Je ne saurais me dissimuler derrière n’importe quel accessoire, qu’il soit fait de silence ou de papier et ce n’est certainement pas le nombre qui va m’y m’inciter car la normalité sur moi n’a jamais eu d’effet.
C’est là, affaire de valeurs, mais l’impossibilité est aussi quasi organique. Ma vérité a retrouvé tous les champs de son expression et je ne peux tout simplement pas la trahir ou la tuer. Je renonce donc en toute tranquillité aux ‘droits’ qui pourraient m’être octroyés comme j’ai pu renoncer par le passé à l’émolument de la passe.