Le Miroir aux Fées

ou sur les traces

du Chevalier au Lion

Les sylphes aiment les écrins d’eau claire, grâce auxquels ils peuvent communiquer et je suis convaincue que n’importe quel plan d’eau peut se révéler être un Miroir aux Fées où ces esprits de l’air viendront pour se manifester. Il n’empêche. C’est dans le Miroir au Fées homologué en Brocéliande que j’ai reçu en cadeau d’entrée de ma cinquante et unième année, une vision particulière envoyée par ma fée tutélaire que, sur le moment, je n’ai pas su interpréter.

Nous étions arrivés au terme de notre immersion en Brocéliande pour une session sur la queste intérieure du Graal avec Charles Rafaël Payeur que je rencontrais pour la seconde fois et l’ami Nicolas. Une session ? Autrement dit un voyage, une rencontre durant laquelle nous avions été amenés à découvrir le principe de vaséïté qui allait nous conduire au seuil de la chambre nuptiale du cœur pour des fiançailles particulières : nous étions tous appelés à devenir une coupe sacrée.

Dès le premier jour, un présent m’avait été délivré par Merlin en personne qui venait d’ouvrir la voie du tout possible. Notre destin, avait-il annoncé par la bouche de Payeur, était précisément de ne pas – ou plus – en avoir. Une annonce qui, quelques treize ans après, est toujours autant d’actualité, comme est d’actualité l’invitation qui nous fut faite dans le Jardin aux Moines, de dragon rouge en dragon blanc et de pierres en hypogrammes, d’alchimiser notre humanité.

Je suis toujours pétrifiée, nous est-il enseigné, lorsque je ne suis pas dans une juste connexion avec moi-même, c’est-à-dire quand je ne dis pas ce que je pense et que je ne fais pas ce que je dis. C’est là en effet un principe de rectification.

De même avais-je su apprécier, après qu’Yvain eut déclenché un orage dévastateur au seuil de la Fontaine de Barenton la question que ladite fontaine était venue poser. Quel est ton parfum ? demande-t-elle. Quel est ce que tu diffuses vibratoirement ?

Mais c’est avec la rencontre du Lion Noir qu’Yvain avait délivré de l’emprise du serpent et qui en témoignage de reconnaissance, n’allait plus le quitter que la queste allait se préciser. Car le Lion – en hébreu ARI – symbolise l’énergie messianique : il correspond à l’expérience de l’Amour. Et on ne s’étonnera pas d’apprendre qu’en inversant les lettres, c’est le mot peur qui apparaît.

Cet amour, cette lumière intérieure, nous allions les porter d’abord à l’Hostié de Viviane qui tel un ventre est un espace de maturation, puis au Miroir aux Fées afin de chercher la réponse aux deux questions qui se posaient : quel est la vocation de cet enfant à naître et comment allons-nous pouvoir le nourrir et le faire croître au quotidien ?

…….

Nous voilà silencieux et attentifs, chacun positionné en un endroit précis du site, les yeux rivés sur l’eau. Les miens sont posés devant moi, là où je suppose que la vision à laquelle je suis conviée va se manifester. Mais les choses ne se présentent que rarement telles que nous les avons imaginées et c’est sur ma droite au bout de quelques instants que quelque chose va se mettre à bouger.

Alors je tourne doucement la tête et je suis aussitôt saisie : en cet endroit, se tient un lion plus vrai que nature. Un lion dont la gueule grande ouverte laisse fuser des flots bouillonnants.

Je ne sais pas encore que la veille, Payeur a dit en guise d’épilogue après que je me sois absentée : « Je vous souhaite de voir apparaitre Le Lion Rugissant ». De quoi se sentir vraiment bénie.