La sorcière en moi

Avant, j’étais sorcière et de cette autre vie, je conserve, pour le meilleur et pour le pire, d’assez beaux restes. Des reliquats, des ruines, des rebuts, des débris, des souvenirs de châtiments subis, de procès, de chasses et de claustrations, mais aussi, donc, quelques bénéfices : une certaine endurance dans l’épreuve et le parfum de ma sagesse. Celui de mon inaliénable souveraineté.

J’ai beau ne pas ignorer cette expérience passée, lorsque quelqu’un parfois vient pour me l’annoncer, je me sens instantanément découverte, c’est-à-dire reconnue et honorée. De fait, si mes mémoires karmiques semblent au quotidien me freiner dans mon évolution, c’est un présent qui vient me rappeler que j’ai en moi le pouvoir de les balayer d’un seul revers de la main et qui fait de moi une sorte de trésor inventé.

Peu importe alors que j’aie pu avoir perdu ma connaissance empirique du corps ou celle des plantes grâce à quoi je pouvais soulager mon prochain, c’est un recentrage immédiat qui m’est alors donné et je me fais témoin de ma propre puissance : je me reconnecte aussitôt avec la dimension de la Sorcière.