Factrice

Si on m’avait dit que je serais un jour factrice, et qui plus est, que les courriers que je transmettrais traiteraient de politique mondiale et des mensonges qui lui sont associés, je ne l’aurai pas cru.  Non seulement parce que dans mon esprit, une factrice, se devait forcément d’être motorisée, mais aussi parce que la prescience de ces mensonges ne m’invitait aucunement alors à m’y intéresser. Après tout, la guerre, celle dont parlait Claire Séverac, n’avait pas encore été déclarée.

Et puis elle l’a été et l’effet a été immédiat. Aussitôt plongée dans l’actualité, ses ramifications et ses obscénités, je me suis mise à rédiger des articles, des réquisitoires et des pamphlets, tout en m’amusant à inventer des langages cryptés aptes à contourner la censure… avant de m’engager, en tant que référente, dans une antenne locale d’un collectif « citoyen » de réinformation basique. Au début, nous étions plusieurs à agir en cette même en qualité, aussi ma véritable fonction ne m’est pas tout de suite apparue ; ce n’est que lorsque je me suis retrouvée seule en lice, que j’ai enfin compris.

J’étais factrice.

En tant que préposée aux courriers virtuels, je délivre, en plus des propositions pour un « mieux vivre », des nouvelles de l’actualité globale et des invitations à réfléchir sur l’état du monde et ses origines, préparant ainsi le terrain qui ouvrira dans un prochain âge sur la révélation de ce que Bernard de Montréal appelait le mensonge cosmique.

Gageons qu’il ne va pas falloir être pressé et que nous aurons probablement le temps de nous réincarner avant que ces temps n’arrivent. Cependant, être en capacité de discerner les impostures, simulacres et autres mystifications du monde visible est pourtant l’un des préalables requis grâce auquel l’humanité parviendra à sortir du processus de l’involution dans lequel elle était engagée depuis son origine. Grâce auquel aussi elle sera en capacité de se dégager de cette dualité mensonges/vérités qui lui est associée et qui nous coupe l’accès à la réalité.