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Carnet de Bal 

 

 

Mon Carnet de bal se distingue du genre par bien des façons. Mais s’il s’avère différent des autres, ce n’est pas tant par la nature du bal en question ni celle des danseurs. S’il s’en distingue, c’est qu’il s’apparente certainement davantage à un carnet de voyage dont le bal serait la destination.

D’ailleurs, bien que m’étant reconnue comme étant la reine du bal, je n’avais pas pour intention de danser moi-même. Mon intention était de m’absorber dans la contemplation de ces danseurs particuliers que sont les mots et d’observer leurs accointances. Mon intention était de les regarder flirter.

Autant dire que ce sont les carnets et les mots que j’aime plus que tout autre chose. Autant dire que si d’aventure il m’arrive aussi de danser en ce bal, c’est que leur musique a fini par m’entrainer.

 

Voici en dessous quelques extraits audio.

 

 

Amont – Un autre extrait

En amont du fleuve que représente ce Bal est l’amour que je porte aux mots en général – à leur source, à leur origine et à leur signifiance – ainsi qu’à certains d’entre eux en particulier, en raison de leur musique à mon oreille plaisante, des combinaisons qu’ils proposent, des histoires auxquelles ils se rapportent ou encore des relations que j’entretiens avec eux. Car si nous tissons tous des rapports intimes avec les choses, il en est de même avec les vocables sensés les représenter et c’est pourquoi les dictionnaires, aussi complets et précis soient-ils ne seront jamais que d’assez vaines approximations.

Amont – mon-âme – Am-our – la nôtre : ainsi ont-ils l’air tous les deux issus de la même famille, et c’est vrai d’une certaine façon puisqu’en amont de toutes choses, pourvu que tu le cherches, tu trouveras forcément l’amour qui donne toujours son aval à tout ce qui est et n’a pour ce faire nul besoin de se déplacer. Amont … Le mot a l’air de regretter quelque chose qui se serait égaré, faisant de lui depuis aussi une sorte d’objet désireux d’être retrouvé.

Ton quoi ?  ai-je envie de lui demander. Qu’as-tu donc laissé entre ce point et la source ? Quelle cause crois-tu donc avoir délaissée ? Quelle origine ? Et Amont de se détourner pour regarder vers l’est. « Mon histoire, soupiret-il. Avec ses affluents et ses crues. Ses embouchures. Son lit. Ses terres qui le bordent. Son eau longtemps trouble. Son eau, répètet-il en écho à lui-même, nostalgique de quelque chose qu’il n’a pourtant pas l’heur de regretter. Son eau qui donc parfois déborde faite de boue et d’or. Celle que j’ai inventée et en laquelle j’ai cru. Le dieu Fleuve »

L’histoire en amont parle ou se tait et cela est sans importance. Le fleuve est lourd – avez-vous déjà vu un noyé ? Le bal est gai. Ivre déjà de tout ce qui se trame. Et tout serait donc fleuve alors ? Bal, vie, roman. Mais Amont ne dit plus rien. Il pense à son histoire : la mienne. Bouillonnante. Encaissée. Souterraine. Glaciale. Torride. Et si rarement tranquille. Il se dit que la nostalgie sied bien au bal et que le bal sied bien à la nostalgie. Et qu’il n’est pas utile cependant que de continuer à nager dans le fleuve.