Sirènes – Si Reines
Dans la langue des oiseaux qui est un langage affranchi des règles de l’orthographe et de la grammaire grâce à quoi on peut capter la puissance symbolique des mots, la sirène est souveraine. Elle est si-reine. Majestueuse ô combien.
Pour autant, elle n’a pas toujours eu les attributs qu’elle possède aujourd’hui dans notre imaginaire commun. Elle n’a pas toujours eu cette beauté fière et sensuelle. Et elle était même Femme Oiseau bien avant que d’être affublée de l’appendice écailleux grâce à quoi aujourd’hui nous la reconnaissons.
En fait, les choses sont juste ce que nous imaginons qu’elles sont. Elles sont aussi ce que nous désirons qu’elles soient. Ainsi les sirènes existent-elles – ou pas. Comme leurs soeurs Ondines, Nymphes, Naïades ou autres Fées des eaux. Ainsi sont-elles de fréquentation agréable – ou non. Ainsi sont-elles ceci aussi bien que cela.
J’ai, pour ce qui me concerne, sur un certain boulevard, longtemps été sirène.
Il y a une trentaine d’année, je l’étais.
Pas méchante, non, puisque créature aux qualités vénusienne ; mais naufrageuse quand même des voyageurs qui s’y égaraient.
Cependant, les choses ont fini par bouger. D’ailleurs le changement, nous ne pouvons plus l’ignorer, est la seule constante. Autant dire que comme l’eau est son élément, sa nature ne pouvait être que mouvante. C’est pourquoi je prétends que la sirène ne provoque plus la ruine d’aucun et qu’à l’inverse, elle s’avère très utile, comme en témoigne l’autre acception du mot, dès qu’il s’agit d’avertir les aventuriers que nous sommes, des dangers que nous encourons.
Alors, ôtons de nos oreilles la cire…