Une petite histoire d’eau
Elle était là, discrète, sur le bord du chemin. Ronde. Gracieuse. Scintillante et légère en bordure du chemin. Au beau milieu d’un foisonnement tout autant ignorant de sa nature qu’elle.
Elle était. Juste parce que Tout Est. Que la pierre est, sans savoir qu’elle est pierre. Que l’arbre ignore son arboréïté.
Et que l’air va bruissant sous les feuilles, léger, dans une innocence infinie d’exister – cette même innocence des limites de la pierre ou de l’arbre, de l’air ou de la feuille.
Tout simplement parce qu’il est au cœur des éléments, une danse qu’aucune sorte de piste ne saurait contenir.
Une danse démesurée.
Elle avait eu l’air de stagner sur la nervure centrale de la feuille longtemps. Et puis un souffle l’avait gentiment poussée frémissante, et elle avait glissé dans sa danse innocente pour venir perler en son extrémité.
Elle était là en ce délicat équilibre. Perle de pluie ou de rosée. Avec une expérience de la brume. Un passé de nuage. Une vie de vapeur et de nuée. Prête à y retourner sous le travail aimant des rayons du soleil ou à goûter s’épandre au dedans la terre, mais n’ayant connu depuis son point de vue de goutte qui s’ignore, qu’une même danse toujours renouvelée. Une danse d’Eternité.
Et puis le chant bruissant avait laissé filtrer un bruit et le champ s’était modifié. Quelques glissements, peut-être accompagné d’un léger craquement de branche, avant qu’un souffle autre que l’air ne vienne l’y rejoindre.
Une conscience était là.
La vie toujours. Et toujours la danse. Mais la vie différemment organisée. Mais la danse autrement dansée.
Et il s’était alors passé quelque chose de tout à fait bouleversant en son cœur.
Quelque chose de tout à fait bouleversant parce qu’en un instant infime, la petite goutte qui jusque-là s’ignorait en tant que goutte s’était révélée dans sa forme.
Ainsi le champ avait-il accouché d’elle.
Ainsi était-elle née dans sa petitesse et sa fragilité.
Elle s’appelle Laure et elle la regarde. Elle la regarde parce qu’elle l’a vue et qu’elle l’a trouvée admirable. Elle la regarde et ce faisant, elle est en train de la sacrer.
Oui : Elle l’a fait goutte juste en la regardant et maintenant elle est en passe de devenir la goutte la plus magnifique qui soit en cet endroit issu du champ dont elle a émergé.
Elle s’approche. Son œil, pareil à un objectif opère quelques réglages et voilà alors joliment cadrée qu’apparait en présent pour elle, celle qui désormais, est en ce maintenant exploré, la Reine des Gouttelettes.
Ainsi voilà la goutte qui est né. Ainsi la voilà se sachant regardée.
Goutte, sous le regard de Laure, autant dans sa petitesse que dans sa souveraine beauté. Un peu éberluée peut-être comme chaque fois que l’on nait, mais tellement consciente du champ infini d’où l’on vient. Ce champ qui elle le comprend alors est cette même Magnificence qui lui est retournée. Ainsi se souvient-elle qui Elle Est.
Laure toujours la regarde. Mais voilà qu’en cet instant précieux, elle se sent et se sait regardée.
Spéciale dédicace à Laure Ellaime à qui je dois les magnifiques photos de jeux Connexion & Guidance Nature et Féminin Sacré : www.joyeuse-nature-d-etre.jimdo.com